Anne-Gaëlle Lubino
FONDATRICE DU CAFÉ PAPIER
LA FÉE DU CAFÉ PAPIER
Elle fait partie de cette nouvelle génération d’entrepreneurs aux idées aussi insolentes que pertinentes. A 40 ans, Anne-Gaelle Lubino est la première Guadeloupéenne à avoir osé ouvrir un coffee-shop au coeur de Jarry. Un lieu unique, un choix insolite qui bouscule les us et coutumes.
Work Better, live Smarter, Be Happier.
Work Better, live Smarter, Be Happier. C’est en quelque sorte le “ way of life” qu’incarne et propose Anne-Gaelle Lubino, la fondatrice et gérante du Café papier. A 40 ans, cette ancienne DRH a réussi son pari, créer un lieu de vie qui mêle art de vivre, plaisir gustatif et un goût prononcé pour le Beau.
Oui, celui qui nous aide à mieux vivre, avec du vivant [des plantes vertigineuses et des couleurs à foison pour égayer l’âme]. Pourtant ce succès, elle ne l’avait pas pressenti.“ De façon générale , je ne m’interroge pas forcément sur la taille, la proportion de l’impact que je vais avoir. C’est quelque chose que je peux constater après coup…
Je ne me suis pas dit que je vais créer un établissement qui va apporter quelque chose à tout le monde. Je me suis dit qu’un lieu comme celui-ci me manque, que je ne peux pas être la seule à qui ça va plaire. Je n’imaginais pas en tout cas l’accueil qui lui serait réservé, la place qui pourrait prendre, et ce qui pourrait représenter” confie-t-elle.
“Ouvè lè an la”, “I bon kon sa”, ça pour moi c’est l’inverse de l’engagement le plus total.
Bingo ! Quatre ans après son lancement, le salon de thé devenu un lieu de vie incontournable dans le centre de Jarry ne désemplit pas. “Il y a des gens pour lesquels c’est leur lieu de travail, pour d’autres le lieu de refuge quand ça ne va pas, le lieu de rencontre avec leur amoureux, le rendez-vous du samedi en famille etc. Chacun y trouve un peu ce qu’il cherche…” raconte-t-elle. Derrière ses lunettes colorées et ses yeux rieurs, se trouve une mordue du travail, et grande admiratrice du travail [bien] accompli. ‘est là que réside pour elle toute la beauté de l’engagement.
“L’engagement se trouve à tellement de niveaux… Le premier, c’est cette constance, cette envie de bien faire. Quand j’ai ouvert le Café papier, j’ai voulu faire vivre la vision que j’ai eue. Je ne me suis pas dit “je vais devenir une cheffe d’entreprise guadeloupéenne de Jarry”. “Ouvè lè an la”, “I bon kon sa”, ça pour moi c’est l’inverse de l’engagement le plus total. Je suis une personne engagée, dans le sens où pour moi quand on commence quelque chose, on le termine.
Si ce n’est pas le cas, ça ne doit être qu’en cas de force majeure”, et vlan !
Ce salon de thé, aux allures de coffee shop New Yorkais, elle y a mis toutes ses “tripes”. “Parce que je suis à la fois jusqu’au-boutiste, et très exigeante avec moi-même”.
L’impact sur plusieurs générations de femmes
Ancienne juriste, titulaire d’une maîtrise en droit des affaires et d’un master 2 en Ressources Humaines, elle n’imaginait pas le torrent de changements qu’aurait entraîné son choix de reconversion professionnelle. “Quand j’ai eu cette idée, j’ai décidé de la suivre et de ne pas interroger les peurs que j’aurais pu avoir parce qu’à ce moment-là ça me nourrissait, moi. Mais je me rends compte aujourd’hui de l’impact sur les femmes de ma famille maternelle, ce sont celles dont je suis le plus proche. Elles ont eu et ont encore beaucoup de codes à respecter. Ceux de notre famille, et puis les codes sociaux qui sont appliqués aux femmes, aux femmes guadeloupéennes.
Je sais que beaucoup d’entre elles se sont conformées à ces codes.”
“Tenter, c’est déjà s’affranchir”
Un vent de liberté (s), c’est bien ce qu’insuffle Anne-Gaëlle, malgré elle, mais pour le grand bien de tous. “Le fait d’avoir fait un choix qui n’était pas celui de suivre une voie tracée sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan personnel, de suivre une voie qui m’était propre, je sais que ça eu pour effet immédiat pour certaines d’entre elles d’ouvrir cette discussion avec moi” raconte-t-elle.
Loin de s’ériger en role-model, sans doute à tort, Anne-Gaëlle prend la mesure de cette nouvelle embellie dans le monde de l’entrepreneuriat qui jette aux orties les injonctions de l’Histoire et celles du passé pour réinventer un nouveau monde. “Les encouragements à s’accomplir personnellement viennent en confrontation avec nos codes familiaux, codes culturels. La capacité à s’en défaire permet de faire des choix.
Montrer qu’on n’en meurt pas, que ça ne provoque pas le séisme auquel on pourrait s’attendre et qu’au final, tenter c’est déjà s’affranchir. Quand on a franchi le chemin d’une certaine liberté, on peut après en déverrouiller d’autres”.
La voie est lancée…