Youri Auguiac
Fondateur de Cayribe Partners
COMMENT CRÉER SON “BIG BUSINESS”?
“IL FAUT QU’ON ORGANISE LOCALEMENT EN GUADELOUPE, DES LEVÉES DE FONDS ADAPTÉES”
Vous rêvez de démarrer votre propre affaire mais vous ne savez pas comment vous y prendre ? Nous avons demandé l’avis d’un expert pour vous éclairer.
Youri Auguiac est un professionnel de l’accompagnement d’entreprises. Ingénieur des Mines de Paris, il a travaillé pendant une dizaine d’années dans le Conseil au sein d’un important groupe qui opère dans les secteurs de l’Energie et les industries de transformation et la Santé. Une fois de retour aux Antilles, il décide de créer sa propre structure : “Cayribe Partners”, spécialisée dans la gestion de dispositifs d’accompagnement collectif d’entreprise.
Depuis, il a accompagné plus de 200 porteurs de projets, autant en Guadeloupe qu’en Martinique. Voici ses secrets pour réussir sa création d’entreprise.
- Une bonne idée n’est pas une bonne entreprise !
Quel que soit le territoire, la personne, il y a une démarche nécessaire pour passer d’une idée à une entreprise. Une idée doit devenir un projet, qui demain deviendra une entreprise.
Tout le monde peut avoir une idée, on la qualifiera de bonne ou de moins bonne selon en général l’avis de notre entourage.
Pour un projet on va se poser des questions essentielles :
Qu’est-ce qu’on vend ? A qui ? Combien d’argent on gagne ?
Et le projet a un outil qui permet de dimensionner et d’évaluer s’il s’agit d’un bon ou mauvais projet, c’est le Business Plan !
- Un bon Business Plan, c’est un bon projet !
C’est l’outil dont va se servir le porteur de projet pour analyser son projet , l’aider à sortir du stade de l’idée, se poser des questions essentielles comme “comment vais-je produire mon produit ? Mon service ? Est-ce que je peux le faire seul(e) ? Qui je dois recruter ? Comment j’y arrive ?” Et pour passer d’un bon projet à une entreprise, on rentre dans l’opérationnel… Cette phase nécessite des compétences de gestion, de management, de leadership.
- Un chef d’entreprise est un leader !
On ne le dit pas assez… Mais un bon chef d’entreprise est un leader. Il faut des qualités qui permettent de convaincre d’autres personnes de travailler avec soi, de convaincre d’éventuels prospects de devenir des clients, son banquier d’accorder des prêts, des fournisseurs de livrer les produits nécessaires en temps et en heure etc.
- Se poser les bonnes questions…
« Est-ce que ce que je veux vendre existe déjà ? » La Guadeloupe est une petite île sur laquelle il y a 380 000 habitants. C’est donc un petit marché. On ne lance pas son projet sur un marché de 60 millions. Si la réponse est non, il faut se demander pourquoi ? Et si c’est oui, il faut analyser ce que les autres proposent déjà en termes d’opportunités sur ce marché.
“Comment je vais fabriquer ce que je veux vendre ? Est-ce que c’est un produit que j’importe ? Que je vais fabriquer ? Est-ce que c’est un service que je vais fabriquer ? Et comment je vais m’y prendre ? Est-ce que je dois recruter des gens avec des compétences particulières ? Sous-traiter ? Et enfin la dernière question : est-ce que c’est rentable ? Concrètement, combien d’argent vais-je pouvoir gagner sur cette activité qui va me permettre de faire face à mes obligations.”
- Trouver le nerf de la guerre… l’argent !
Il y a plusieurs réponses possibles :
– Combien d’argent je mets sur la table (est-ce que ma famille et mes amis sont prêts à me donner un coup de main financier etc.) ?
– Est-ce que j’ai réussi à convaincre mon banquier de mettre des sous dans mon entreprise ?
– Est-ce que des gens que je ne connais pas, des investisseurs, sont particulièrement convaincus par mon projet ?
– Quel rôle va jouer la Région, l’État, qui à travers leurs aides et subventions peuvent aider au financement de mon projet.
- Désacraliser la levée de fonds…
Il y a levée de fonds, s’il y a “sorties”. Ceux qui réussissent des levées le font simplement parce qu’ils ont convaincu quelqu’un qu’en mettant X somme dans leur entreprise qu’il va pouvoir revendre ses parts plus chers. Le principe de la levée de fonds est de permettre à l’investisseur de revendre ses parts. Les investisseurs qui font des levées de fonds sont sur un horizon de 5 ans pour une boîte. Donc, ça veut dire qu’ils entrent dans une boîte à un certain niveau, et qu’il faut qu’ils aient revendu leurs parts, avec une confortable et substantielle plus-value, cinq ans après.
Voilà pourquoi, les chefs d’entreprises en Guadeloupe ont le plus grand mal à faire des levées de fonds. Trouver des gens pour investir, oui mais pour revendre à qui au bout de 5 ans ?
Nous n’avons pas la Bourse ici, pas de marché de 60 millions de personnes. Seules les entreprises qui seront en capacité de sortir des frontières de la Guadeloupe pour proposer leurs produits ou services ailleurs – Martinique, France, Afrique, Etats-Unis auront cette capacité à attirer des investisseurs car cet accroissement de leur marché permettra de croître, de façon extrêmement importante, leur chiffre d’affaires et donc multiplier la participation de l’investisseur.
Il faut qu’on organise localement en Guadeloupe, des levées de fonds adaptées. C’est récompenser, rémunérer, les investisseurs qui ont pris des risques au moment où les entreprises ont été créées, pour être en capacité de racheter leurs parts cinq ans après, soit avec le soutien de l’État, soit de la Région.
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